5ème Forum mondial de l'eau : quel bilan ? Comme tous les trois ans, le Forum mondial de l'eau a réuni pour une semaine de débats la plupart des acteurs mondiaux de l'eau : agences onusiennes, bailleurs de fonds, États, organisations professionnelles et associatives, ONG, élus, collectivités, etc' Quelques jours à peine après la clôture de la 5ème édition, quel bilan tirer de cet évènement ? D?abord, une première remarque sur l'impact réel de ce rendez-vous, parfois mis en doute. A un moment où l'eau devient un bien de plus en plus rare et ou de nouveaux facteurs, comme par exemple les effets du réchauffement climatique, alourdissent encore un peu plus les pressions qui pèsent sur la ressource, il n?est pas inutile de faire le point sur les grandes problématiques de l'eau et sur les nombreux défis qui nous attendent pour tenter de définir les bases d'une action concertée. Un rendez-vous de ce genre dans le secteur de la finance, par exemple, nous aurait peut être épargné une bonne part des difficultés que nous connaissons aujourd'hui? Seconde remarque à propos de l'idée, parfois exprimée, selon laquelle rien de concret ni de contraignant n?émergerait d'une grand-messe dont l'utilité ne serait finalement que toute relative. Le Forum constitue une plate-forme d'échanges et de discussions qui réunit l'ensemble de la communauté de l'eau dans le but d'identifier des solutions susceptibles de répondre aux grands enjeux de l'eau. C?est un lieu de débats et non de décisions. Son rôle n?est pas de se substituer aux politiques qui restent les seuls habilités à prendre le relais en s'appropriant les expertises et outils mis à leur disposition par les experts du monde entier. Et pourtant, les avancées sont réelles et celles enregistrées ces dernières années dans de nombreux domaines sont dans une large mesure le fruit des actions de sensibilisations menées par les participants au Forum. Au plan général, la couverture en eau potable dans le monde est passée de 78% en 1990 à 83% en 2004, pendant que la couverture mondiale en assainissement est passée de 49% à 59%. Si ce résultat n?est pas à porter au seul crédit du Forum mondial de l'eau, il est peu douteux que son rôle ait été déterminant. Autre exemple d'avancée, plus concrète encore, les ministres de 116 pays en voie de développement ont officiellement reconnu le droit à l'eau présenté au 4ème Forum tout comme, dans la foulée, les législations française et britannique. Les avancées, petites ou grandes, locales ou nationales, sont donc, à l'évidence, nombreuses. Quant à la 5ème édition, le désaccord sur la notion de "droit à l'accès à l'eau" qui n'a pas été retenue dans la déclaration finale, ne doit pas occulter les progrès enregistrés sur plusieurs questions comme la gestion intégrée des ressources, la mise en place d'une gouvernance mondiale de l'eau ou encore la nécessaire adaptation aux changements climatiques. Le fait que les avancées enregistrées ne se reflètent pas dans cette décevante déclaration finale ne signifie pas qu'elles n?existent pas. Mais c'est vrai, l'essentiel reste à faire. L?essentiel, c'est l'accès à l'eau et à l'assainissement des populations les plus pauvres. Or, alors même que l'eau est à la base de toute politique de développement, seul 6 % de l'aide internationale lui sont consacrés... Un chiffre qui démontre à lui seul que nous n?avons pas encore compris que tous les moyens devaient être mobilisés pour éviter que les tensions sanitaires, sociales, économiques, politiques et militaires qui apparaissent aujourd'hui ne soient à l'origine des ruptures de demain.